Quand on admire ce noble édifice religieux gothique, qui rappelle par la pureté de ses lignes et la hardiesse de ses hautes voûtes, le style de la Cathédrale de BOURGES, on se prend à regretter que le plan grandiose des architectes du XVe siècle n’ait pu se réaliser. La reconstruction de l’abbatiale est restée inachevée. On a du se limiter au chœur et à l’amorce du transept. L’ensemble, s’il se fut conservé, eut été vraiment impressionnant.
Le chœur, avec bas-côtés et déambulatoire, est ceinturé par sept chapelles, dont cinq rayonnantes. Les grandes arcades qui séparent le Vaisseau central des bas-côtés, sont surmontées d’un passage de circulation traversant les piles au-dessous des fenêtres qui occupent toute la surface de chaque travée : les piliers, très élevés, supportent une voûte de grande légèreté.
Ce système de construction a bien résisté au temps. Toutefois était laissée en remplissage la partie inférieure de cet impressionnant vaisseau.
A l’Ouest, la façade d’entrée a été substituée à l’amorce du transept dont on voit encore le tracé.
Caractéristiques
Le style de l’édifice est celui de la seconde période ogivale.
La grande nef mesure 21,70 m de long sur 11,40 m de large.
Les nefs latérales ont 5,15 m de large. Les dimensions sont, hors œuvre, de 43 m de long, 33,50 m de large et 27 m de hauteur (80 pieds).
Le premier sanctuaire du pays aurait été construit à l’emplacement de l’église actuelle en ce lieu appelé CHATEAU-GORDON (Gordonis Castrum) vers le milieu du Ve siècle, par l’ermite Saint Romble (sanctus Romulus), évangélisateur de la contrée.
En 846, l’Archevêque RAOUL de TURENNE fait la translation à CHATEAU-GORDON des reliques de SAINT-SATUR, compagnon de FELICITE et PERPETUE, martyrisés à Carthage en 203. Le pays prend alors le nom de SAINT-SATUR.
Ce premier édifice, ruiné avec le temps, est restauré en 1034, par la Comtesse MATHILDE qui fonde une abbaye de chanoines réguliers de Saint Augustin. Le Pape INNOCENT II l’érige en Collégiale. Cette deuxième église romane est consacrée en 1104 par LEGER ou LEODEGAIRE, Archevêque de Bourges, mais elle est pillée en 1142, par les seigneurs du voisinage. Elle est réparée en 1144. Quelques portions fort confuses de ses murs subsistent encore au Nord de l’Eglise actuelle.
Deux siècles plus tard, en 1341, l’église ainsi que l’abbaye sont complètement détruites par les Anglais qui occupent Cosne.
Dès 1367, sous l’abbatiat de JEAN III, les religieux rebatissent leur monastère et entreprennent la construction d’un nouveau sanctuaire. Ce sera le troisième et c’est l’église actuelle dédiée à Saint GUINEFORT. En 1405, faute de ressources, les travaux sont interrompus.
En 1420, l’église et le monastère subissent un nouveau pillage de la part des Anglais, alliés des Bourguignons et maîtres de la rive droite de la Loire. Ceux-ci laissent les bâtiments découverts et en voie de tomber en ruines.
En 1454, on recommence la construction. De nouvelles dévastations ont lieu en 1567. Cette fois les protestants de Sancerre en sont les auteurs. Ils saccagent l’abbaye, y mettent le feu et démolissent le clocher de l’église.
Il s’écoule trente-deux ans avant que ces désastres puissent être réparés. Ils le sont, en partie, en 1595, mais l’église ne peut être mise en état de servir au culte.
Pendant soixante-dix ans, ont fut obligé de se contenter d’une ancienne petite chapelle dédiée à Saint THOMAS. Ce modeste sanctuaire fut édifié à peu de frais et tint lieu d’église pour les habitants de SAINT-SATUR et les religieux de l’abbaye.
De 1617 à 1626, l’abbé CLAUDE de THOULONGEON, aidé par de généreux donateurs, réussit à terminer les voûtes et à couvrir l’église.
En 1757, l’abbaye est supprimée et ses revenus rattachés à la mense épiscopale. L’église devient paroissiale. 1780 voit la construction du clocher actuel et en 1783, on inaugure l’autel majeur.
La Révolution, en ses heures les plus sombres, ferme l’église au culte catholique. Elle devient en 1793 et 1794 le Temple de la Raison.
L’église abbatiale de SAINT-SATUR sera, en 1839, le premier en date des édifices classés du département du CHER. Il le sera sur les instances de Prosper MERIMEE, au cours de son célèbre voyage de Paris à La Chatité-sur-Loire et à Nevers et d’une visite du Comte de MONTALIVET, Ministre de l’Intérieur qui habitait la contrée.
L’autel majeur et son rétable, en bois sculpté, peint et doré, est du XVIIIe siècle. Il a été inauguré le 8 septembre 1783.
Dans la chapelle Saint ROCH se trouve un confessionnal, en bois de noyer, peint, du XVIIIe siècle. Cette même chapelle possède un groupe en pierre, Saint ROCH et son chien, de la même époque. Plus récente est la caravelle, remarquable et original ex-voto des mariniers de Loire, suspendue à la voûte.
Une statue de la VIERGE à l’ENFANT au CŒUR est en noyer massif. Elle se trouve dans la chapelle axiale. Œuvre d’un artisan obscur, elle date 1705.
Dans le bas-côté droit, figure une autre VIERGE à l’ENFANT à la GRAPPE. Elle est en bois peint. On peut l’attribuer à l’école bourguignonne du XVIIIe siècle.
Le bas-côté gauche présente la chapelle Saint GUINEFORT ou GUIGNEFORT, patron de l’église, avec sa belle statue, en bois du XVIIIe siècle.
Sur le mur du fond, qui tient lieu de façade, on remarque des traces de peinture. Ce sont des scènes de la vie de la VIERGE. Elles datent du milieu du XVIIe siècle.
La chaire à prêcher est à remarquer, de même que la croix qui est en face. Elles portent les symboles des quatre évangélistes et sont antérieures à la Révolution.
F.F.
(Deux mille ans d’Histoire, SAINT-SATUR, son église abbatiale : un témoin religieux)
Exposition des crèches du monde entier du samedi 14 au lundi 23 décembre 2019 de
14 h 30 à 17 h.
Un jeu pour les enfants sera organisé.
Verre de l’amitié le lundi 23 décembre à 15 h.
Visites guidées de l’Abbatiale.
Concert choral chanté par une centaine de jeunes américains – organisé par les Amis de l’Abbatiale
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