Né le 16 novembre 1905, Saint-Thibault
Décès juin 1968
Hervé Mhun, sculpteur d’infini
Hervé Mhun est un artiste du milieu de Loire : il est né le 16 novembre 1905 à Saint-Thibault. Il est décédé en 1968. Il descend d’une famille authentiquement ligérienne : un père charpentier de marine de Loire, un grand-père marinier, et l’arrière grand-père, “Picanne”, baliseur de Loire... Ce métier a disparu de cette partie du cours du fleuve. Quoi d’étonnant à ce que notre artiste ait été inspiré par le fleuve ? Il le portait dans ses gènes.
En cette première moitié de XXe siècle, la pêche professionnelle du saumon battait son plein, mais la marine de Loire accusait son déclin, vaincue par le chemin de fer. Les ligériens se reconvertissaient donc dans la pêche et la chasse sur la Loire, et le jeune Hervé passa une partie de sa jeunesse sur les barques à fond plat.
Pendant la guerre de 1914/1918, la famille s’exila en Bretagne, et le garçon annexa à son inspiration ligérienne le souffle qui anime les Bretons : il se lia avec des artistes de cette région. Hervé, à cette époque, sculptait les bois, et c’est ainsi que Claude Rameau, “le peintre de la Loire”, le remarqua, et l’incita à monter à Paris, à 18 ans. Mais c’est en usine qu’il lui fallut travailler, pour subsister, et le pays l’envoya bientôt effectuer son service militaire à Fez, dans le Maroc en guerre. Il ne regagna la capitale qu’en 1927, installé dans un atelier de Montparnasse. Dès 1930, il est à même de présenter des bustes de pierre.
En 1930, il épouse une Sancerroise, qui lui donne un fils, peu avant d’être emportée par la maladie. Malgré le malheur, il poursuit sa carrière et reçoit la médaille d’or de l’exposition internationale des Arts et Techniques en 1937 ; l’Etat se porte acquéreur de son œuvre. C’est une époque de succès, la solidarité entre artistes joue pleinement, et sa sœur, artiste peintre, vient le rejoindre.
Vient la Seconde Guerre Mondiale. Hervé est fait prisonnier en 1940. Il refuse le STO, et parvient à sculpter les visages de ses compagnons de captivité, exprimant de façon extraordinaire la souffrance. A la suite d’un bombardement en 1943, il édifiera un monument commémoratif, aujourd’hui consacré par les Allemands : l’œuvre de notre sculpteur contribuera à la réconciliation des deux peuples...
En 1947, diminué par la captivité, il reprend son métier et travaille pour Bourges, Abbeville. Il est invité en Belgique, en Suède... Autant d’influences nouvelles. C’est ainsi que son inspiration rencontra celle de l’écrivain Henri Guénon, ce qui allait susciter le “grand œuvre” d’Hervé Mhun. L’écrivain est inspiré par les philosophies orientales et la franc-maçonnerie. Les sculptures d’Hervé Mhun prendront dès lors le tour initiatique qui caractérise l’apogée de sa carrière. Les formes sont stylisées, épurées, élancées, empreintes de mystère. Une créativité fiévreuse s’empare de l’artiste, le tenant éveillé la nuit.
Hervé Mhun cherche une autre source d’inspiration dans la nature et la route : il parcourt la France, à bicyclette, en scooter, dresse sa tente au hasard de ses pérégrinations. En 1955, il devient père à nouveau. Il expose à Sancerre, dans sa terre natale, tout en continuant à se monter dans les galeries parisiennes. Pour porter le message de son œuvre, il renoue avec les traditions de ses ancêtres et acquiert une péniche : Hamsa. Elle mène ses sculptures jusqu’à Paris, où elle devient une galerie flottante. Les sculptures font l’admiration des visiteurs de la péniche, mais les commandes n’affluent guère : les années péniche seront des années galère. Il n’expose que très rarement en dehors de son bateau. Sept ans après le début de l’aventure, il se sépare de sa péniche et regagne ses ateliers antérieurs. La Région Centre lui commande des œuvres, un hommage aux mariniers disparus. Ainsi naîtra “l’eau”, en 1965 à Neuvy-sur-Loire... la sculpture fera face, quelques années plus tard, à la centrale nucléaire de Belleville.
Mais le talent d’Hervé Mhun sera fauché prématurément : en 1967, sa santé s’altère, suite à la découverte d’un cancer. Il ne se décourage pas et fourmille de projet. En mars 1968, il a une fille, mais il s’éteint en juin. Il avait seulement 62 ans.
2005 verra une exposition rétrospective à Sancerre pour le centième anniversaire de sa naissance. Dans cette ville existe une association pour la sauvegarde de son œuvre. Un quai de Loire porte son nom à Saint-Satur.
Cependant, la mémoire de cet artiste exceptionnel ne bénéficie pas encore de l’aura qu’elle mérite ; puissent ceux qui seront les témoins de ses créations continuer à les faire vivre au delà de l’univers du Sancerrois : l’artiste le mérite.
Extrait des “Editions Corsaire”
Un quai de Loire porte son nom : “Quai de Loire Hervé Mhun”
Sa maison est située au n° 9.
Né le 13 février 1903, Liège – Belgique
Décès le 4 septembre 1989, Lausanne – Suisse
De mai 1923 au printemps de 1924, Georges Simenon, qui a vingt ans, travaille comme secrétaire au service du marquis Raymond d’Estutt de Tracy.
A cette époque Simenon vient de se marier avec Tigy.
…“Son travail consiste à parcourir la France avec son patron, qui possède cinq châteaux et domaines.”
…“Le marquis ne voulant pas d’un secrétaire marié, Sim est forcé de laisser Tigy derrière lui.”
…“Au début, elle descend dans un hôtel d’une ville voisine. Quand le marquis découvre la vérité, il prend la chose avec humour et suggère qu’à l’avenir l’épouse de son secrétaire loge dans le village.”
Extrait de “Simenon, l’homme qui n’était pas Maigret” (de Patrick Marnham)
…“Puis un château, le plus petit, le plus ancien, entouré d’un vignoble fameux où des livres s’étaient entassés pendant des sicles, ce qui faisait mon bonheur. (château de Tracy-sur-Loire)
Tigy était toujours là, dans un excellente auberge, sur l’autre rive de la Loire.”
Extrait de “Simenon Mémoires intimes”
“Il était sept heures du soir quand le train s’arrêta en gare de Tracy-Sancerre, et il fallut parcourir encore un kilomètre sur la grande route, traverser le pont suspendu qui enjambe la Loire.
Celle-ci n’offrait pas le spectacle majestueux d’une rivière, mais le spectacle d’une infinité de ruisseaux d’eau vive courant entre des bancs de sable couleur de blé trop mûr.
Sur un de ces îlets, un personnage en complet de nankin pêchait à la ligne. On aperçut l’Hôtel de la Loire, dont la façade jaune se dressait le long du quai.”
Extrait d’une enquête du Commissaire Maigret “M. Gallet, décédé”, écrite en 1930.
L’Hôtel de la Loire s’appelait, à cette époque, “Hôtel de l’Etoile” et pris son nom actuel à la suite du roman. Une chambre de cet hôtel porte le nom “Chambre Georges Simenon”.
Par la suite, ce quai de Loire, pris le nom de “Quai de Loire Georges-Simenon”. Il fut inauguré le 11 septembre 2003, par Guy Poubeau, Maire de Saint-Satur.
Pendant tous ses séjours à Tracy, Georges Simenon logeais à l’Hôtel de l’Etoile où il rejoignait, le soir, son épouse. Le matin il était de retour au château pour travailler avec le marquis.
Bien sûr, les livres dont les extraits sont tirés, ainsi que tous les “Maigret”, sont disponibles à la bibliothèque Maurice-Genevoix de Saint-Satur.
Un quai de Loire porte son nom : « Quai de Loire Georges-Simenon »